Insta… back
Retour sur Instagram, après la déconnexion
Il y a quelques années, j’ai quitté Instagram. Je n’en pouvais plus. Pas seulement de la plateforme en elle-même, mais surtout de ce qu’elle faisait à mon attention. J’avais cette impression étrange d’y perdre quelque chose d’essentiel : mon temps, ma concentration, et, d’une certaine manière, ma présence au monde. J’ai pris conscience, petit à petit, que chaque instant passé à “scroller” — ce geste si banal, si automatique — grignotait un peu plus ma capacité à être vraiment là. À ressentir. À observer. À créer. J’en avais assez de sentir mon cerveau saturé, fragmenté, happé par des images et des mots qui ne m’appartenaient pas. Alors j’ai fermé mon compte, sans regret.
Ce vide m’a fait du bien.
Je me suis reconnectée à d’autres rythmes : ceux du papier, du silence, du temps qui passe sans être compté. J’ai repris mes appareils analogiques, mes films instantanés, et j’ai retrouvé dans la lenteur du geste une forme de clarté. Photographier à nouveau, mais sans filtre, sans validation extérieure, juste pour moi.
Et puis, ces dernières semaines, l’envie est revenue. Non pas celle de “revenir” à Instagram comme on revient dans un flux, mais celle d’y poser une empreinte différente. Une trace consciente.
J’ai donc recréé un compte : @analogue_virpeen, le prolongement naturel de “a slow vision”.
Cette fois, j’y vais autrement.
Pas pour m’y perdre, mais pour y partager.
Pas pour m’y comparer, mais pour y dialoguer.
Pas pour céder au rythme du feed, mais pour affirmer celui du regard.
astuce anti-scroll
Je n’ai pas installé Instagram sur mon smartphone. J’y accède uniquement depuis un navigateur, sur mon ordinateur. Cela change tout. Plus de réflexe d’ouverture “machinal”, plus de défilement infini dans les moments de “vide”.
Ce simple choix m’aide à limiter le temps passé sur la plateforme, à l’utiliser avec intention plutôt que par réflexe.
D’autres gestes qui m’aident à rester consciente
Fixer un moment précis pour y aller (par exemple une ou deux fois par semaine).
Publier, puis fermer la fenêtre : éviter de rester pour “voir les réactions”.
Suivre peu de comptes, mais choisis pour leur authenticité ou leur regard singulier.
Garder un carnet pour noter mes idées de publications, plutôt que de les jeter dans le flux.
Je crois qu’il est encore possible d’utiliser ces outils sans qu’ils nous utilisent. Mais cela demande de la vigilance, et peut-être surtout, une intention claire : celle de préserver notre attention, notre curiosité, notre humanité.
Alors ce compte, c’est une forme de détox numérique. Un espace où je veux réapprendre à publier lentement, à regarder autrement, et à laisser une place au silence entre deux images. Parce qu’au fond, il ne s’agit pas de fuir le numérique. Il s’agit simplement de retrouver la conscience derrière chaque geste — même derrière un clic.